« Pétrole, suicide des jeunes, école », quelle visibilité pour le MDES ?

Plusieurs évènements importants se sont déroulés en Guyane ces derniers temps. Avec Maurice PINDARD nous allons aborder quelques uns de ces temps forts afin de vous apporter un plus dans votre analyse.
1) Depuis le début des vacances 2012, le MDES sillonne la Guyane pour informer sur le PÉTROLE. Maurice Pindard, pourquoi le MDES est-il le seul parti politique à en parler ?
Il y a plusieurs raisons. Certaines forces politiques travaillent essentiellement par l’intermédiaire de leurs élus et surtout dans les instances. D’autres partis n’ont pas la capacité d’organiser des rassemblements réguliers sur tout le territoire. Enfin, chacun choisi le mode d’intervention approprié selon lui à chaque type de problème ou problématique.
Je pense que tout le monde politique est sensibilisé sur cette question du pétrole. L’information et l’échange direct avec la population est surtout l’apanage des Mouvements dits militants.
Il faut dire aussi que le MDES a relié deux questions apparemment déconnectées, la question du pétrole et le suicide des jeunes. C’est une ouverture politique originale qui interpelle. La prochaine réunion publique est prévue à Kourou le 12 septembre.
2) Que ne nous dit-on pas sur cette affaire ?
Les guyanais ne connaissent pas les enjeux financiers et stratégiques de ce dossier. Ils ne savent pas non plus à quel niveau se prennent les décisions et on ne nous dit pas dans quelle mesure le corps social guyanais peut intervenir. Une demande d’organisation d’un congrès des élus a été réclamée par le MDES, elle est sans réponse. Les ministères parisiens négocient avec les grosses sociétés et pour calmer les esprits localement ils organisent conjointement des simulacres de concertation alors que les décisions sont déjà prises. Une grande réunion a eu lieu le 7 septembre dans laquelle on apprend que 4 autres demandes d’exploration du pétrole ont été déposées à Paris par des multinationales. Le lobby écologiste qui possède des relais en Europe peut faire entendre sa voix mais l’information transparente au public n’est pas faite. Les pêcheurs ont récemment réclamé la suspension de la recherche jusqu’à ce qu’une vraie étude d’impact sur la ressource soit réalisée. Les discussions officielles en Guyane portent sur la réglementation de la taxation de l’activité pétrolière en mer. Les élus discutent sur le pourcentage du pourcentage qui sera attribué à la Guyane. Mais la question de la maitrise de la Guyane sur ses ressources pétrolières potentielles est absente. Elle est masquée par les effets d’annonce sur les créations d’emploi locaux éventuelles. Du point de vue électoraliste cela convient aux carriéristes de la politique.
3) Maurice PINDARD pensez-vous que le MDES avec ses trois élus (CANAVY – MONTHIEUX – POLLUX) devrait saisir cette possibilité qui lui est offerte de former un groupe au sein de la collectivité régionale après les démissions de TAUBIRA et SERVILLE ?
Je crois que c’est indispensable. La logique politique pratiquée par nos partenaires et adversaires à notre égard depuis 1998, date de notre entrée avec 3 élus à la Région, visent tout simplement à notre affaiblissement voire notre élimination. Les exemples sont nombreux… Dans cette affaire le MDES est perdant parce que c’est un mouvement qui n’est pas dans le jeu politicien. Il a la naïveté de croire à une certaine morale, une éthique politique. C’est pour cela que, pour sauvegarder notre capacité à intervenir valablement dans les instances et par ricochet sur l’opinion publique guyanaise, nous avons intérêt à constituer notre groupe dès que possible. Cela n’empêche pas une solidarité nécessaire avec les autres formations qui constituent l’opposition dans l’assemblée régionale.
4) Qu’est ce qui changera avec la création de ce groupe ?
Ce sera surtout notre autonomie de parole et d’action ainsi qu’une meilleure visibilité de notre courant dans le paysage politique guyanais. Nous pèserons davantage dans les décisions et en conséquences nous serons mieux identifiés, reconnus et influents.
5) Cette semaine, dans la l’actualité, il était question de refondre l’école en Guyane, est-ce du sérieux ?
Nous sommes dans la droite ligne de l’assimilation. La France, grand pays industriel européen de 65 millions d’habitants décide « la refondation » de « son » école ; soit, pourquoi pas, s’ils en voient l’utilité !!
Mais nous en Guyane, nous n’en sommes pas à la refondre mais à la « fondre », dans le sens de «faire, réaliser, construire » une école adaptée à notre réalité de petit pays, peu peuplé, sous développé et sud-américain.
Or la Doctrine française, coloniale, revendiquée par la Droite et la Gauche française est que « le peuple guyanais n’existe pas et ne doit pas exister ». Encore moins une école guyanaise.
Alors recteur, cadres du rectorat, inspecteurs, chefs d’établissement, élus divers et autres convives consentants se livrent à des débats convenus avec démagogie et hypocrisie. Tous sachant pertinemment qu’aucun problème de fond ne sera réglé.
Propos recueillis par JOAN Gilles.
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